A presque un mois du retour (sortez le fromage et le saucisson, on arrive), il était temps de voir si je savais toujours à quoi ressemble une molaire.
Pour cela direction l'association Munay Wasi, à Andahuaylas.
Cette association, fondée il y a une vingtaine d'année par Monique, une infirmière nantaise, vient en aide aux paysans de cette région à travers l'éducation et l'accès au soin. Elle accueille plusieurs groupes de volontaires tout au long de l'année pour différents projets : construction d'école, de divers bâtiments...
Les bénévoles sont logés dans le bâtiment principal de l'association qui comporte aussi une école, un petit magasin, un potager...
Il y a aussi un beau cabinet dentaire et c'est ce dernier qui nous intéresse. Quelques dentistes bénévoles français y viennent ponctuellement apporter leur aide.
Le Dr Javier, un dentiste péruvien, y vient bénévolement une matinée par semaine. C'est lui qui nous accueille jeudi matin à notre arrivée. Il nous explique un peu le fonctionnement du cabinet, la gestion du planning, les soins possibles nous demande si on a des questions et nous confie les clés du cabinet.
Le cabinet est plutôt bien équipé, même si on y trouve quelques curiosités historiques.
Superbe machine à amalgame avec encore du mercure dedans, et petit tournevis pour bloquer la fraise sur la turbine.
Le fauteuil date aussi d'une époque que je n'ai pas connu.
Pour sélectionner le contre angle que je veux utiliser il faut jouer avec quelques boutons, tourner, tirer. Idem pour avoir de l'eau qui sort de la turbine, mais du coup l'eau coule de partout.
On a passé un petit moment pour trouver comment faire marcher l'aspiration. Vous ne le savez peut-être pas mais chez votre dentiste, le petit aspirateur à salive se déclenche automatiquement quand il le décroche de son support. Ici il y a une pédale qu'il faut maintenir enclenchée tout le temps du soin d'un pied, pendant que l'autre contrôle la pédale de la turbine.
Il y a un labo de prothèse tout équipé, mais malheureusement pas le prothésiste qui va avec. Si un de mes confrères me lit et qu'il a envie de venir et d'emmener avec lui son prothésiste préféré ils seront les bienvenus.
Quel type de soin avons-nous fait ?
- des implants
Nan, j'déconne.
- des soins conservateurs = creuser un trou, reboucher le trou.
Pas de possibilités de faire de l'endodontie (=enlever le nerf) car pas de radiologie.
- de la prophylaxie
- des avulsions = arracher les dents
- de la prothèse
Pas de prothèse fixée (les couronnes) car pas d'endodontie.
La prothèse amovible était limitée également déjà par manque de temps, mais aussi car comme je l'ai dit plus haut il n'y avait personne dans le laboratoire. Nous passions par un labo privé. Les patients devaient donc payer les 150 soles (45 euros) que nous facturait le prothésiste, ce qui est une grosse somme pour eux que tout le monde ne pouvait pas débourser.
Pour les patients, on avait de tout : de 4 à 95 ans (bon, on n'y croit pas trop aux 95 ans, l'âge et une notion assez floue ici) ; de la jeune fille aux dents impeccables qui vient pour un détartrage au monsieur de 45 à qui il ne reste plus que trois dents branlantes.
Certains ne parlent que le quechua, heureusement il y avait toujours quelqu'un dans le coin pour traduire.
On leur demandait une participation de 4 soles (1,20 euros) par acte.
Quelques uns se disaient que tant qu'un docteur était dans le coin autant en profiter, alors ils me parlaient de tous leurs problèmes : infection urinaire, lumbago, ongles incarnés (avec démonstration à l'appui).
Nous avons essayé d'instaurer des rendez-vous mais c'était peine perdue, ils venaient de toute façon quand ils en avaient envie, quelles que soient les horaires d'ouverture, le plus souvent juste au moment où l'on fermait le cabinet.
Mais ils étaient globalement très sympathiques et souriants.
Mais qu'à donc fait el señor doctor Hugo pendant tout ce temps ? Il vous le dira lui même dans un prochain article.