Et c'est même plus qu'un 6000 que nous avons fait puisque ce volcan culmine à 6330m. Mais il faut d'abord arriver dans le village de Sajama en bus, et ça c'est une autre histoire. Reprenons depuis le début .
En quittant Sucre, nous avons pris un bus de nuit pour La Paz, qui nous a déposé sur la route à Patacamaya vers 6h du matin. Ville absolument sans aucun charme, on dirait juste une gare routière géante. On se trouve un endroit pour prendre le petit déjeuner. Puis on se met à la recherche du minibus pour Sajama. On nous avait dit qu'il y en avait un par jour, entre 10h et 13h (très précis).
Après avoir déambulé quelques minutes, on nous apprend qu'aujourd'hui il n'y a pas de bus parce que c'est jour de marché. Il faut nous rendre à Curahuara, et là apparement on trouvera des minibus pour Sajama.
Et ben c'est parti alors !
Deux heures plus tard on arrive dans ce village, et on tombe directement sur un minibus pour Sajama dans lequel il reste deux places. On se dit que c'est cool et qu'on va partir bientôt. Et ben non, parce qu'il faut attendre la livraison de gaz. Et il vient quand le camion ? Et ben on sait pas trop, vers midi sans doute.
Au moins deux cents personnes forment une longue queue qui serpente avec leurs bouteilles de gaz vide. Et quand le camion finit par arriver, ils avancent en faisant la chenille pour l'échanger contre une bouteille pleine.
Vers 13h ça y est, on a chargé les bouteilles sur le toit ainsi que nos gros sacs et les provisions que les habitants de Sajama ont fait au marché. On s'entasse à 17 dans le minibus et on part enfin !
Et deux heures plus tard on arrive à destination.
Sajama est un petit village (180 habitants) au coeur du parc national du même nom, à 4250 m d'altitude. Il est entouré de 3 volcans : le Sajama d'un côté (6542m) et les deux volcancs jumeaux, Pomerape (6222m) et Parinacota (6330m) de l'autre.
Si nous avons choisi ce dernier c'est parce que les deux autres ont des passages vraiment difficiles techniquement. De plus pour le Sajama c'est toute une expédition qu'il faut prévoir, avec mules, deux camps de base, guide etc. Le budget n'aurait pas suivi.
Mais d'abord il faut un peu s'acclimater. Pour ça on part marcher vers le lac Huañakota, à 12 km du village. Avec les flamands roses et le Pomerape et le Parinacota en toile de fond, l'endroit est idyllique.
En chemin on croise de nombreux lamas, alpagas et autres vigognes (le deuxième s'appelle David Bowie).
Après tous ces efforts rien de tel qu'un bon bain dans des eaux thermales avec vue sur le Sajama.
Le lendemain on décide d'aller un prendre un peu d'altitude. On a de la chance de voir quelques autruches, les suris.
On arrive aux geysers, situés à 8km du village.
A partir de là, ça commence à grimper. On finit par arriver au lac Khasiri (4820m) juste à temps pour la pause déjeuner. La mamita qui nous héberge nous a préparé de bons sandwichs de viande de lama.
Dernière balade d'acclimatation : le mirador Monticielo. On se retrouve dans la forêt la plus haute du monde (bon, les arbres sont tout petits). On a une belle vue sur le Sajama :
Mais aussi sur le village et surtout sur notre objectif du lendemain : la Parinacota (à gauche sur la photo) :
Nous avons rencontré deux français dans le village qui sont aussi intéressés. On se met d'accord pour partager un 4x4 pour nous emmener au départ de l'ascension, ce qui n'est pas négligeable vu le prix.
C'est comme ça qu'on se retrouve à 2h du matin en route pour le camp de base.
Vers 3h30 notre chauffeur nous dépose au pied du Parinacota, à 5100m d'altitude.
Et on ne s'attendait pas à trouver autant de vent là haut. Ca caille, et nous ne sommes carrément pas équipé pour ça. Surtout nos gants qui sont plus fait pour une petite balade hivernale en France.
Hormis nous quatre, il n'y a que deux autres personnes qui tentent l'ascension aujourd'hui, et qui sont partis loin devant nous. C'est cool, on a l'impression d'être seuls.
Vers 5500m on rencontre la neige, ils faut chausser les crampons.
A 6h30 on a le droit à un splendide lever de soleil derrière le Sajama.
On pense qu'on va enfin réussir à gagner quelques degrés mais pas du tout ! Le vent souffle de plus en plus fort, nous n'avons jamais autant souffert du froid. Et impossible de marcher plus vite pour se réchauffer, le souffle nous manque.
Les derniers 300m sont vraiment difficiles : la pente est très raide et le sommet semble s'éloigner de plus en plus.
Et tout d'un coup vers 9h30 on est enfin au bord du cratère ! Et les premiers en plus (en partant les derniers). On a dépassé tout le monde, et de loin. Je sais que ce n'est pas une course mais on est un peu fiers quand même ! Et puis seuls 40% des personnes arrivent au sommet...
On prend rapidement quelques photos de la splendie vue sans s'attarder, il fait vraiment trop froid.
Au fur et à mesure de la descente on se réchauffe enfin un peu. Mais les bouts de nos doigts resteront engourdis pendant quelques jours.
A 11h on atteint enfin la voiture.
Ce Parinacota restera un des plus beaux souvenirs de notre tour du monde, même si on en a jamais autant baver de notre vie !